Un portrait d’homme de 1544 attribuable à Bartholomé Ier Bruyn contraste avec une représentation tumultueuse du Portement de Croix attribuable au Maître de Paul et Barnabé. L’homme au col de fourrure regarde devant lui avec résignation, tandis que la scène religieuse met en scène des dizaines de personnages avec, au centre, le Christ affaissé sous le poids de la croix et, à l’arrière-plan, la colline du Golgotha sous un ciel sombre et inquiétant. Le sujet de cette peinture est la prémonition du Coup de Lance, également présent dans cette vente aux enchères, peint par un artiste anonyme de l’entourage de Maerten de Vos.

Parmi les œuvres du XVIIe siècle, qui traitent souvent de la vie rurale, une représentation délicate de volailles dans le neerhof d’Adriaen van Utrecht se distingue à côté d’une pièce de cuisine attribuée à Adriaen Boogaert. Abraham Govaerts donne une représentation plus complète de la vie rurale en plaçant les maisons et les granges à l’arrière-plan et en se concentrant sur le chemin de terre et les arbres broussailleux qui conduisent les charrettes et les promeneurs jusqu’au village. Cette scène paisible et ensoleillée contraste avec le vol violent dépeint par Pieter Molenaer. La toile se lit comme un film, le chaos est grand. Une foule arrête les charrettes et les cavaliers et, sous la menace des armes, s’approprie les biens des infortunés passants. Un suiveur de Sebastiaan Vrancx nous offre en outre une scène impressionnante de la bataille de Lekkerbeetje, qui s’est déroulée sur Vughterheide en 1600.

Dans la jeune Belgique, outre son aspect décoratif, la peinture a également une fonction plus importante, celle de créer un contexte historique commun. Ainsi, Gustave Vanaise, de Gand, nous emmène à un moment dramatique de la fin mouvementée du XVIe siècle. Dans son “William Key peint le portrait du duc d’Alva ordonnant la décapitation des comtes d’Egmont et de Hoorne” de 1880 – une grande toile déjà exposée au Salon de Paris la même année – Vanaise dépeint le peintre au moment où il entend le verdict du “duc d’Albe”. William Key allait – du moins selon le biographe Van Mander – mourir le même jour, c’est-à-dire le 5 juin 1568 (est. : €8/10000). Hendrik Schaeffels, membre de l’école de peinture anversoise du 19e siècle, a également réalisé une pièce historique intéressante, à savoir le ‘Rückkehr der Krieger nach der Belagerung von Antwerpen 1571’, peint exactement 300 ans plus tard (est. : €6/8000).

Les amateurs d’histoire, d’architecture et de Louvain pourront alors se délecter d’une impressionnante toile de Michael Neher. (1798-1876). Originaire de Munich, ce peintre méconnu dans notre région s’est spécialisé dès l’âge de 40 ans dans les représentations architecturales de lieux situés le long du Rhin jusqu’en Belgique. L’œuvre ci-dessous, un paysage urbain animé avec des personnages devant l’hôtel de ville de Louvain en 1857, en est un exemple typique. Déjà exposée à Londres en 1915, elle provient également d’Angleterre et a été revendue par la suite par un antiquaire renommé de Knokke (est. : €60/80000). Des œuvres similaires, plus petites et moins estimées, sont réalisées par les contemporains Wake Cheltenham etJan-Michiel Ruyten (avec une vue sur Anvers).