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L’Hôtel des ventes Bernaerts présente avec fierté une oeuvre majeure dans la vente de maîtres anciens en décembre 2019: une toile signée de la main de Jacques Jordaens figurant le Sage et le Sot.

JACOB JORDAENS (1593-1678)
Le Sot et le Sage. Huile sur toile. Signée ‘J Jor’.
95 x 75 cm
180.000-250.000 euro

Rapport d’expertise
Elle montre deux figures dans une ouverture de fenêtre: un vieil homme, lunettes pincées sur le nez, occupé attentivement à la lecture d’un livre, et un bouffon avec bonnet de fou sur la tête et marotte à la main. Ce dernier semble vouloir, avec un grand sourire et ouvrant la fenêtre d’un geste de main, que le spectateur s’approche. Non seulement l’effet de trompe-l’oeil de la fenêtre mais aussi la position des personnages, très proche l’une de l’autre, donnent à cette oeuvre un caractère vif, encore intensifié par le rendu presque caricatural, si caractéristique de la dernière période de Jordaens.

Point de vue thématique ce tableau fait plutôt partie des oeuvres moralistes du maître comme Le Satyre et le Paysan et Les jeunes piaillent comme chantent les vieux. Jordaens semble vouloir nous avertir que la quête de la vérité est longue pour celui qui la cherche dans les livres tandis qu’un fou, en parlant, raconte souvent la vérité. Et surgît la question lequel des deux est le vrai fou. 

Jusqu’à présent, pas d’autres versions du même sujet sont connues, bien qu’on retrouve les mêmes figures dans une des pièces maîtresses de Jordaens c.-à-d. Diogène à la lanterne (toile, circa 1642, 233 x 349cm, Gemäldegalerie, Dresden, gal.-Nr.1010) et dans quelques dessins à autre titre moralisant  comme ‘l’amour inégal’. Dans ces derniers, le sage et le bouffon sont également présentés dans une ouverture de fenêtre mais il existe bien des variations dans la pose et dans la dynamique entre les personnages (aquarelle et gouache ?, craie noire, 292 x 242 mm, lieu de conservation inconnue, d’Hulst, Jordaens Drawings, nr.A212, ill 227*) et C25 (copie d’après Jordaens, craie noire et rouge, 232 x 233 mm, Rotterdam, Musée Boymans-Van Beuningen, nr.d’inv. V20, ill 502, photo A. Frequin Den Haag*).

A remarquer: une composition quasi identique réalisée par Anthonie Leemans (1630/1-1673), contemporain de Jordaens. Leemans a littéralement repris la composition de Jordaens mais ajouté un détail intéressant: il a peint un papier dans la main du bouffon avec un verset1 moraliste (panneau, 83.3 x 59.5 cm, Staatliches Museum Schwerin, nr d’inv. 323) renforçant ainsi la thèse que Jordaens a voulu transmettre un message à thème moralisant dans le tableau original.

De manière stylistique, le tableau pourrait être daté vers 1650, une époque où la palette du peintre simplifie vers des tons bleu grisâtres et bruns, animés par des accents de couleur vifs. Les têtes de caractères apparaissent de plus en plus vers l’avant-plan. Il préférait comme modèles des paysans et des bourgeois que l’artiste appréciait pour leur force, leur jovialité et leur naturel. 

Cette oeuvre est particulièrement intéressante parce qu’elle contient, dans toute sa simplicité à première vue, l’essence de la dualité que caractérise Jacques Jordaens, comme homme et comme artiste: d’un côté homme protestant, grandi dans une ambiance catholique grâce aux commandes principalement catholiques; de l’autre côté un des plus grands maîtres de l’ère baroque flamand quant au style et caractère dramatique, bien que ses sujets s’accordent plus, point de vue thématique, à ceux de l’école de genre hollandaise.

Nous remercions prof dr Hans Vlieghe et Mr Brecht Vanoppen du Rubenianum pour confirmer l’authenticité de ce tableau qui sera vendu avec certificat d’authenticité signé par prof dr Hans Vlieghe et un rapport d’expertise sera joint. 

Provenance:

Gand, collection chevalier Jan Karel van Rotterdam, début du 19ème siècle;
Gand, Notariat De Porre en Verhulst, vente collection J.K. van Rotterdam, 6.7.1835, lot 44, vendu à un certain monsieur De Koning;
Ashbourne, collection de la famille Buxton, Bradbourne Hall, Derbyshire, Angleterre, fin du 19ème/début du 20ème siècle; 
Londres, H.M. Clark, marchand d’art, milieu du 20ème siècle; 
Londres, Christie’s, vente collection H.M. Clark, 12.12.1958, lot 17, comme Jacob Jordaens;
New York, Central Pictures Gallery, milieu des années 60;
Arkansas, Sacred Arts Center of the Elma M Smith Foundation, Eureka Springs, Etats Unis, exposé jusqu’en 1992;
New York, Christie’s, 18.1.1992, lot 122,  à cette occasion de façon conservative comme attribué a Jordaens.;
Depuis en collection privée